L’Art Islamique

Ce que l'on appelle communément Art islamique se trouve à la confluence de préoccupations esthétiques et religieuses. Pour l’Islam, l’art et la foi sont en effet liés de manière indissoluble, mais dans le cadre d'une codification doctrinale. Ils gardent cependant assez de liberté l’un vis-à-vis de l’autre pour permettre une expression artistique libre, et des créations parfois sujettes à polémique.

C’est la tradition laissée par le Prophète qui, en déconseillant la représentation de l’Homme et des animaux, a fixé le principe essentiellement non figuratif de l’art de l’Islam.

Cette défense n’a été en réalité observée strictement que par les croyants les plus orthodoxes, mais son influence reste sensible même chez les artistes les plus émancipés.

Mais, celui qui a la patience de suivre le serviteur d’Allah à travers le labyrinthe des ornements géométriques sera séduit par la logique artistique d’une beauté presque mathématique.

La Tradition, nourrie par des mouvements artistiques profondément spiritualistes, a donné naissance à un art à vocation universelle, assis sur l'abstraction la plus pure et puisant son originalité et sa force dans ce qui fait celles du désert aride et de ses bédouins exigants.

Il reste cependant que dogme et Sunna ont parfois donné lieu à des contournements doctrinaires qui expliquent l'émergence et l'enracinement de mouvements aristiques majeurs dans le monde chiite, et enparticulier pour tout ce qui concerne l'art pictural persan (miniatures et autres).

L’architecture

La Mosquée : répondant aux impératifs de la prière musulmane, la mosquée est le premier édifice proprement islamique.

Désireux de manifester leur piété de façon éclatante et voulant rivaliser de splendeur avec les édifices chrétiens, les premiers califes musulmans développèrent l’architecture religieuse dans un style sompteux. C’est ainsi qu’ils firent construire la Mosquée d’Al AQSA ou Coupole du Rocher à Jérusalem en 691, considérée comme le plus ancien chef-d’œuvre subsistant de l’architecture islamique.

La Mosquée de Damas servit de modèle à plusieurs autres mosquées. Avec le temps et grâce aux conquêtes arabes, de nombreuses mosquées furent construites en Occident, donnant naissance à des types architecturaux plus élaborés : la Mosquée de Koufa, la grande Mosquée de Cordone, la grande mosquée de l’Alcazar de Séville, et la Koutoubia ou la mosquée de la Tour Hassan, de mêmes période et inspiration, sont des témoignages de la richesse des l’Art islamique parvenus jusqu’à nous. La qualité de l’enseignement dispensé à la mosquée de la Karawiyin de Fès et l’éclat de son ornementation ont traversé le temps et les frontières.

Dans ces édifices, une somptueuse décoration intérieure fait appel à des bronzes et des bois dorés, à des marbres de couleurs utilisés pour les colonnes et placages, des revêtements de carreaux émaillés sur fonds d’or étincelants.
Des arcs superposés, entrecroisés soutenus par des colonnes lisses, cannelées ou torses sont des éléments quasi constants de l’architecture des mosquées.

La décoration la plus riche de la mosquée tend à se concentrer autour de la zone du mihrab, ou niche de prière, indiquant la direction de la Mecque aux croyants.

Dans les Grandes Mosquées, l’imam du vendredi s’adresse aux fidèles du haut d’une chaire en pierre ou en bois pouvant être très ornée, le minbar.

L’élément caractéristique de la mosquée est le minaret situé sur la façade extérieure. Il est construit sur un plan carré en Occident – minaret de la Giralda à Séville, de Hassan à Rabat, de la Koutoubia à Marrakech. Il est cylindrique en Iran, en Turquie et en Afghanistan.

De dimensions relativement modestes au début apparaissent les mausolées ou édifices funéraires. Les témoignages les plus célèbres restent le mausolée de Timour à Samarkand et le Taj Mahal en Inde.

La décoration

Des liens étroits existent entre les principes de l’architecture et ceux du travail du bois, du métal, de la céramique, de la verrerie, de l’ivoire. L’architecture musulmane offre une transposition très typique des éléments de structure en éléments décoratifs, les formes de l’arc notamment utilisées et transformées par les artisans, le décor d’arabesques, les motifs géométriques, hautement colorés en poterie, en céramique – céramique émaillée -.

Venise emprunta directement des secrets du métier du verre aux fabricants musulmans, ces artisans qui firent de Cordoue le centre du travail de l’ivoire (objets et incrustations).

Les artisans musulmans s’avèrent très habiles dans le travail du bois, produisant les merveilles que sont les moucharabiés, ce qui explique qu'on ait fait appel à eux pour réaliser les plafonds du Palais des Papes en Avignon au XIVe siècle.

Le décor calligraphique arabe est le plus important car Dieu a révélé le Coran au Prophète en arabe. L’écriture arabe devient donc une écriture à triple fonction : religieuse, utilitaire, ornementale.

L’une des façons les plus courantes de décorer les monuments et les objets en céramique, métal ou verre, était la calligraphie utilisant les caractères géométriques de l’écriture coufique - polygones, étoiles, arabesques – ou cursif de l’écriture naskhi.

Ces inscriptions sont gravées, ciselées, niellées ou damasquinées. Elles expriment des vœux ou des exhortations morales, simples et universelles, accompagnées souvent d’une dédicace aux princes pour lesquelles elles sont exécutées.

Elles portent pafois le nom et la signature des artisans qui les ont exécutées. Il arrive fréquemment que des équipes entières travaillent sur des volumes somptueusement enrichis d’or et d’argent.

Le textile, la miniature, le métal, la production de céramique émaillée et dorée, la faïence à reflet métallique, les ivoires sont autant de domaines que l’art islamique a marqué de son empreinte et à travers lesquels l’artiste musulman transmet son savoir-faire et sa foi pour nous livrer cet art islamique composé d’une multitude de mondes qui se chevauchent.